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la fortune de m. fouque

il s’agit de mon honneur, il s’agit de notre honneur à tous, il s’agit de l’honneur même du cercle de Caudebec.

Un silence solennel régna, un de ces silences qui indiquent la gravité d’une situation. Ils étaient là cinq, Gautier, Lamotte, Valin, Baril et Boulard, tous des gens d’un mérite notoire, d’une capacité incontestable. Et tous les cinq levèrent la main et répondirent d’une même voix, en étendant sur leurs glorias leurs doigts écartés :

— Nous le jurons.

Une joie immense envahit M. Fouque, il savoura longuement son bonheur, et ce fut avec un sourire qu’il tira la lettre anonyme et la lut :

« Monsieur, je vous préviens que votre femme a rendez-vous chaque mercredi, à trois heures, au carrefour des Ormes. Son complice est un de vos amis, un de vos collègues du cercle. »

— C’est tout, il n’y a pas de signature, et maintenant causons.

Il s’assit. Lamotte affirma :

— C’est une affaire délicate, extrêmement délicate. Réfléchissons.

Ils réfléchirent. Du temps s’écoula. Personne ne prit la parole. Les physionomies étaient im-