Page:Leblanc - Des couples, 1890.djvu/200

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
195
les époux dumouchel

ongles griffant la paume de leurs mains, les yeux hagards fixant le trou noir de la chambre.

Et ils se rassirent, ramassèrent les cartes, et Berthe articula :

— Tu sais que j’ai compté l’atout en pique…

— Parfaitement, balbutia François.

Et il déclara : — Soixante de dames…

Une pendule sonna dix heures, très vite, avec un tintement joyeux.

Au dernier coup, un bruit se produisit, là-haut, pour la quatrième fois, plus fort celui-là, un cri d’agonie.

Les époux se dressèrent d’un bond. Berthe, affolée, bégaya :

— Non, non… j’ai peur… j’ai peur…

Elle se précipita jusqu’au pied de l’escalier, mais ses jambes ployèrent sous elle, et elle tomba.

— Céline, Céline… supplia-t-elle…

Elle se traînait à genoux sur les marches, elle s’agrippait aux barreaux de la rampe, raidissait ses membres, se hissait à bout de bras. À la fin ses forces l’abandonnèrent. Elle perdit connaissance.