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les époux dumouchel

Ils posèrent leurs cartes. Le bruit recommença. Berthe dit :

— Une seconde, le temps d’aller et de venir.

— Je t’accompagne, fit Dumouchel, je vais me dégourdir un peu.

Il prit la lampe. Le couple monta l’escalier et franchit le seuil de la chambre où Céline couchait.

Il s’approchèrent. À quelques mètres du berceau, Berthe s’arrêta subitement et saisit le bras de François.

— Lève la lumière, murmura-t-elle.

Il obéit.

Pelotonnée sur la poitrine de l’enfant, Mousseline, la chatte, dormait.

Un troisième soupir s’éleva, un râle presque. Les époux se regardèrent. Une même pensée les étreignait, une envie monstrueuse, irrésistible.

Alors, leurs deux mains crispées l’une à l’autre, le corps secoué de frissons, la sueur au front, ils reculèrent à petits pas, silencieusement, comme des fantômes. Et ils redescendirent les marchés, une à une, lentement, toujours à reculons, leurs