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les époux dumouchel

si seulement nous avions un moutard, quelle joie, quel bonheur ! »

D’esprit plus alerte que son mari, elle avait aisément le dessus dans ces discussions, ce dont il enrageait. Aussi, énervé par ces défaites répétées, assourdi par les hurlements de la petite, il jugea la maison inhabitable et fréquenta le café.

Cet aplomb outra Mme Dumouchel.

— Comment, je me prive de tout, je travaille comme une négresse et monsieur va gaspiller ses derniers sous à l’estaminet.

— Bah ! ricana-t-il, après moi la fin du monde, console-toi avec ton rejeton.

— Écoute, reprit-elle en tremblant, je te défends d’y aller, n’est-ce pas, je te le défends.

Son amour-propre piqué au vif, François, le dîner terminé, mit son chapeau et descendit en ville. Désormais il ne quitta plus le café de la place Beauvoisine, où les vieux habitués avaient salué son retour avec des démonstrations de joie : « Ce brave Dumouchel, on le revoyait enfin. Dumouchel, un écarté à cinquante centimes. Dumouchel, je vous joue mon bock. »

Dumouchel acceptait les défis ; mais peu chançard, il perdait les consommations, les parties