Page:Leblanc - De minuit à sept heures, paru dans Le Journal, 1931.djvu/107

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Monsieur le juge, dit Nelly-Rose, après un instant, je pense que cette discussion, cette rixe, me concernaient.

— Qui vous fait croire cela ?

— Rien de formel. C’est une impression. Je pense qu’il voulait empêcher Baratof de me rejoindre.

— Est-ce vrai ? demanda le juge à Gérard.

— Oui, répondit Gérard, sombre.

— Cela n’empêcherait pas d’ailleurs la possibilité du meurtre, continua M. Lissenay.

— Non, protesta Nelly-Rose. Non, il n’a pas tué ! Il ne serait pas venu me rejoindre ainsi… Réfléchissez !…

— Et vous dites, mademoiselle, qu’il est arrivé chez vous à minuit… Pas plus tard ?

— Oh ! monsieur le juge, je suis certaine de l’heure. Je l’attendais avec tant d’anxiété !

Nul ne pouvait douter de la véracité des paroles de Nelly-Rose. M. Lissenay glissa un regard vers Nantas. Mais, dans son coin, l’inspecteur demeurait immobile, écoutant dans un silence qu’on devinait hostile.

— Et à quelle heure vous êtes-vous séparée de lui ? demanda le juge à la jeune fille.

— Je l’ai quitté à six heures et demie du matin, répondit-elle, mais…

— Mais ?…

Nelly-Rose était pâle, oppressée, presque défaillante. Elle demeurait indécise. Cependant, elle finit par dire :

— Monsieur le juge d’instruction, je n’ai plus rien à révéler. Je vous ai raconté, dans ses détails, les circonstances qui m’ont mêlée à cette affaire. Je vous ai dit mon opinion exacte sur monsieur. Je n’ai rien à ajouter.

Mais M. Lissenay ne lâcha pas prise. Il sentait bien la détresse