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les

PORTES DE SAINT-MACLOU


Le catéchisme finissait. Le flot des enfants s’écoula par les bas-côtés avec un bourdonnement de voix joyeuses et des claquements de souliers sur les dalles sonores. Les bénitiers furent assaillis.

Au milieu, le long de la nef, l’abbé Bouache descendait, escorté d’un groupe de parents, de bonnes sœurs et de frères des écoles chrétiennes. D’un ton courroucé, il se lamentait sur l’ignorance et sur la nature vicieuse de ses élèves. Ses gestes tremblaient d’indignation, et, entamant sa thèse favorite, il s’attaqua directement à la paroisse même de Saint-Maclou, ce quartier de Martainville où viennent échouer toutes les misères et toutes les hontes de Rouen, ce foyer de débauches où se forment les criminels, les ivrognes, les filles de mauvaise vie, les vierges folles dont parle l’Évangile.

Il semblait prêcher, s’arrêtant parfois, ouvrant les bras en de larges mouvements oratoires. Ses yeux s’emplissaient d’une ardeur farouche. Le groupe se taisait, effrayé.

On arrivait à la sortie, espèce de chambre obscure, accolée contre la grand’porte. L’abbé Bouache s’y introduisit. Dans l’ombre, des enfants accroupis examinaient curieusement, à la lueur d’une allumette, la partie inférieure de l’un des deux battants.

Ils ne l’entendirent point. Alors il se