Page:Leblanc - Arsène Lupin gentleman-cambrioleur.djvu/281

Cette page a été validée par deux contributeurs.
281
GENTLEMAN-CAMBRIOLEUR

loin. Elle descendit cependant et avança de plusieurs pas dans la pièce. Mais elle poussa un cri. Sans doute avait-elle aperçu la vitrine brisée, aux trois quarts vide.

Au parfum, il reconnut la présence d’une femme. Ses vêtements frôlaient presque le rideau qui le dissimulait, et il lui sembla qu’il entendait battre le cœur de cette femme, et qu’elle aussi devinait la présence d’un autre être, derrière elle, dans l’ombre, à portée de sa main… Il se dit : « Elle a peur… elle va partir… il est impossible qu’elle ne parte pas. » Elle ne partit point. La bougie qui tremblait dans sa main, s’affermit. Elle se retourna, hésita un instant, parut écouter le silence effrayant, puis, d’un coup, écarta le rideau.

Ils se virent.

Arsène murmura, bouleversé :

— Vous… vous… Mademoiselle.

C’était miss Nelly.

Miss Nelly ! la passagère du Transatlantique, celle qui avait mêlé ses rêves aux rêves du jeune homme durant cette inoubliable traversée, celle qui avait assisté à son arrestation, et qui, plutôt que de le trahir, avait eu ce joli geste de jeter à la mer le kodak où il avait caché les bijoux et les billets de banque… Miss Nelly ! la chère et souriante créature dont l’image avait si souvent attristé ou réjoui ses longues heures de prison !

Le hasard était si prodigieux qui les mettait