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ARSÈNE LUPIN

sident les dirigea sans ardeur. Le ministère public attaqua mollement. Dans ces conditions, l’avocat de Danègre avait beau jeu. Il montra les lacunes et les impossibilités de l’accusation. Nulle preuve matérielle n’existait. Qui avait forgé la clef, l’indispensable clef sans laquelle Danègre, après son départ, n’aurait pu refermer à double tour la porte de l’appartement ? Qui l’avait vue, cette clef, et qu’était-elle devenue ? Qui avait vu le couteau de l’assassin, et qu’était-il devenu ?

— Et, en tout cas, concluait l’avocat, prouvez que c’est mon client qui a tué. Prouvez que l’auteur du vol et du crime n’est pas ce mystérieux personnage qui s’est introduit dans la maison à trois heures du matin. La pendule marquait onze heures, me direz-vous ? Et après ? ne peut-on mettre les aiguilles d’une pendule à l’heure qui vous convient ?

Victor Danègre fut acquitté.



Il sortit de prison un vendredi au déclin du jour, amaigri, déprimé par six mois de cellule. L’instruction, la solitude, les débats, les délibérations du jury, tout cela l’avait empli d’une épouvante maladive. La nuit, d’affreux cauchemars, des visions d’échafaud le hantaient. Il tremblait de fièvre et de terreur.