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GENTLEMAN-CAMBRIOLEUR

geaient leurs clients à prêter ! Hein, quelle école pour un débutant ! Ah ! je vous jure que la leçon m’a servi !

Il s’arrêta brusquement, me saisit le bras, et il me dit d’un ton exaspéré où il était facile cependant de sentir des nuances d’ironie et d’admiration, il me dit cette phrase ineffable :

— Mon cher, à l’heure actuelle, Gervaise Imbert me doit quinze cents francs !

Pour le coup, je ne pus m’empêcher de rire. C’était vraiment d’une bouffonnerie supérieure. Et lui-même eut un accès de franche gaîté.

— Oui, mon cher, quinze cents francs ! Non seulement je n’ai pas palpé le premier sou de mes appointements, mais encore elle m’a emprunté quinze cents francs ! Toutes mes économies de jeune homme ! Et savez-vous pourquoi ? Je vous le donne en mille… Pour ses pauvres ! Comme je vous le dis ! pour de prétendus malheureux qu’elle soulageait à l’insu de Ludovic !

« Et j’ai coupé là-dedans ! Est-ce assez drôle, hein ? Arsène Lupin refait de quinze cents francs, et refait par la bonne dame à laquelle il volait quatre millions de titres faux ! Et que de combinaisons, d’efforts et de ruses géniales il m’a fallu pour arriver à ce beau résultat !

« C’est la seule fois que j’aie été roulé dans ma vie. Mais fichtre, je l’ai bien été cette fois-là, et proprement, dans les grands prix !…

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