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GENTLEMAN-CAMBRIOLEUR

et je crus sentir qu’un soupçon l’effleurait. — Oh ! à peine, car les photographies envoyées de tous côtés par le parquet étaient trop imparfaites, représentaient un Arsène Lupin trop différent de celui qu’il avait devant lui, pour qu’il lui fût possible de me reconnaître. Mais, tout de même, il était troublé, confusément inquiet.

Il y eut un moment de silence. Quelque chose d’équivoque et d’incertain arrêtait nos paroles. Moi-même, un frisson de gêne me secoua. La chance allait-elle tourner contre moi ? Me dominant, je me mis à rire.

— Mon Dieu, rien ne vous ouvre la compréhension comme la perte d’un portefeuille et le désir de le retrouver. Et il me semble que si vous vouliez bien me donner deux de vos agents, eux et moi, nous pourrions peut-être…

— Oh ! je vous en prie, monsieur le commissaire, s’écria madame Renaud, écoutez M. Berlat.

L’intervention de mon excellente amie fut décisive. Prononcé par elle, la femme d’un personnage influent, ce nom de Berlat devenait réellement le mien et me conférait une identité qu’aucun soupçon ne pouvait atteindre. Le commissaire se leva :

— Je serais trop heureux, monsieur Berlat, croyez-le bien, de vous voir réussir. Autant que vous je tiens à l’arrestation d’Arsène Lupin.