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ARSÈNE LUPIN

affectueuses, je n’avais pu me grimer à ma guise, et ma présence avait été signalée. En outre, on avait vu un homme, Arsène Lupin sans doute, se précipiter de l’express dans le rapide. Donc, inévitablement, fatalement, le commissaire de police de Rouen, prévenu par télégramme, et assisté d’un nombre respectable d’agents, se trouverait à l’arrivée du train, interrogerait les voyageurs suspects, et procéderait à une revue minutieuse des wagons.

Tout cela, je le prévoyais, et je ne m’en étais pas trop ému, certain que la police de Rouen ne serait pas plus perspicace que celle de Paris, et que je saurais bien passer inaperçu, — ne me suffirait-il pas, à la sortie, de montrer négligemment ma carte de député, grâce à laquelle j’avais déjà inspiré toute confiance au contrôleur de Saint-Lazare ? — Mais combien les choses avaient changé ! Je n’étais plus libre. Impossible de tenter un de mes coups habituels. Dans un des wagons, le commissaire découvrirait le sieur Arsène Lupin qu’un hasard propice lui envoyait pieds et poings liés, docile comme un agneau, empaqueté, tout préparé. Il n’aurait qu’à en prendre livraison, comme on reçoit un colis postal qui vous est adressé en gare, bourriche de gibier ou panier de fruits et légumes.

Et pour éviter ce fâcheux dénouement, que pouvais-je, entortillé dans mes bandelettes ?