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GENTLEMAN-CAMBRIOLEUR

L’aspect du nouveau venu cependant, et son attitude, eussent plutôt atténué la mauvaise impression produite par son acte. De la correction, de l’élégance presque, une cravate de bon goût, des gants propres, un visage énergique… Mais, au fait, où diable avais-je vu ce visage ? Car, le doute n’était point possible, je l’avais vu. Du moins, plus exactement, je retrouvais en moi la sorte de souvenir que laisse la vision d’un portrait plusieurs fois aperçu et dont on n’a jamais contemplé l’original. Et, en même temps, je sentais l’inutilité de tout effort de mémoire, tellement ce souvenir était inconsistant et vague.

Mais, ayant reporté mon attention sur la dame, je fus stupéfait de sa pâleur et du bouleversement de ses traits. Elle regardait son voisin — ils étaient assis du même côté — avec une expression de réel effroi, et je constatai qu’une de ses mains, toute tremblante, se glissait vers un petit sac de voyage posé sur la banquette à vingt centimètres de ses genoux. Elle finit par le saisir et nerveusement l’attira contre elle.

Nos yeux se rencontrèrent, et je lus dans les siens tant de malaise et d’anxiété, que je ne pus m’empêcher de lui dire :

— Vous n’êtes pas souffrante, Madame ?… Dois-je ouvrir cette fenêtre ?