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se moque de vous, on joue avec vous comme un chat joue avec une souris… Et vous ne soufflez pas mot !

Sholmès s’arrêta et lui dit :

— Wilson, je pense à votre carte de visite.

— Eh bien ?

— Eh bien, voilà un homme qui, en prévision d’une lutte possible avec nous, s’est procuré des spécimens de votre écriture et de la mienne, et qui possède, toute prête dans son portefeuille, une de vos cartes. Songez-vous à ce que cela représente de précaution, de volonté perspicace, de méthode et d’organisation ?

— C’est-à-dire ?…

— C’est-à-dire, Wilson, que pour combattre un ennemi si formidablement armé, si merveilleusement préparé — et pour le vaincre — il faut être… il faut être moi. Et encore, comme vous le voyez, Wilson, on ne réussit pas du premier coup.

À six heures, l’Écho de France, dans son édition du soir, publiait cet entrefilet :


« Ce matin, M. Thénard, commissaire de police du XVIe arrondissement, a libéré MM. Herlock Sholmès et Wilson, enfermés par les soins d’Arsène Lupin dans l’hôtel du défunt baron d’Hautois, où ils avaient d’ailleurs passé une excellente nuit.

« Allégés en outre de leurs valises, ils ont déposé une plainte contre Arsène Lupin.

« Arsène Lupin qui, pour cette fois, s’est contenté de leur infliger une petite leçon, les supplie de ne pas le contraindre à des mesures plus graves. »

— Bah ! fit Herlock Sholmès, en froissant le journal, des gamineries ! C’est le seul reproche que j’adresse à Lupin… un peu trop d’enfantillages… La galerie compte trop pour lui… Il y a du gavroche dans cet homme !

— Ainsi donc, Herlock, toujours le même calme ?

— Toujours le même calme, répliqua Sholmès avec un accent où grondait la plus effroyable colère. À quoi bon m’irriter : je suis tellement sûr d’avoir le dernier mot !


une nouvelle à sensation
Maurice Leblanc.

(À suivre.)