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ARSÈNE LUPIN

Le Duc. — Voyons ! vous ne m’avez pas recommandé de tirer sur Lupin ?

Guerchard. — Eh bien !

Le Duc. — Eh bien, j’apprête mon revolver puisqu’il va venir… Plus qu’une minute…

Guerchard, allant vers la porte. — Nous sommes en nombre !

Le Duc. — Ah ! poule mouillée !

Guerchard. — Eh bien, non, moi, moi tout seul.

Le Duc. — Imprudent !

Guerchard. — Au moindre geste que vous ferez… au moindre mouvement… je fais feu.

Le Duc. — Je m’appelle le duc de Charmerace, vous serez arrêté le lendemain.

Guerchard. — Je m’en fous.

Le Duc. — Plus que cinquante secondes.

Guerchard. — Oui.

Le Duc. — Dans cinquante secondes le diadème sera volé.

Guerchard. — Non.

Le Duc. — Si !

Guerchard. — Non, non, non. (La pendule se met à sonner ; ils se mesurent du regard. Deux fois, le duc esquisse un mouvement. Guerchard, à chaque fois, se précipite. Au deuxième coup, ils s’élancent tous deux. Le duc prend son chapeau qui est à côté du diadème et Guerchard saisit le diadème.) Ah ! je l’ai… Enfin… Ai-je gagné ? Suis-je roulé cette fois-ci ? Lupin a-t-il pris le diadème ?

Le Duc, gaiement, mettant son paletot. — J’aurais bien cru… Mais es-tu bien sûr ?

Guerchard. — Hein ?

Le Duc, se retenant de rire, et tout en sonnant. — Tiens ! rien qu’au poids… Il ne te semble pas un peu léger ?

Guerchard. — Quoi ?

Le Duc, pouffant. — Celui-là est faux !

Guerchard. — Tonnerre de Dieu !

Le Duc, à part, entr’ouvrant son paletot qui cache le diadème. — Celui-là est vrai. (Aux agents qui entrent.) On a volé le diadème.

Il s’enfuit par la porte de gauche.

Guerchard, se réveillant de sa torpeur. — Tonnerre de Dieu ! Où est-il ?

Boursin. — Qui ça ?

Guerchard. — Mais le duc ?

Les Hommes. — Le duc ?

Guerchard. — Mais empêchez-le de sortir. Suivez-le… Arrêtez-le. (Affolé.) Rattrapez-le avant qu’il ne rentre chez lui.

rideau

Le Duc, à part : « Celui-là est vrai ! »