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ARMELLE ET CLAUDE

deux routes parallèles qui se hérissaient d’obstacles au travers desquels ils se voyaient et s’entendaient à peine.

Dans l’espérance d’accroître leur intimité, ils ne se quittèrent plus, et ils parlaient beaucoup afin de se mieux connaître. Ils avaient l’air d’offrir sur leurs mains ouvertes tout ce qu’ils savaient ou ignoraient d’eux-mêmes et de se dire anxieusement :

— Tenez, voilà, me comprenez-vous ? Y a-t-il là de quoi vous séduire ?

Hélas ! sous l’amas des contradictions et des mensonges inconscients, ils achevaient de s’égarer.

Un jour, sans le vouloir, Mlle de Rhuis vit, sur l’enveloppe d’une lettre que Claude jetait à la poste, le nom d’une ancienne maîtresse dont il l’entretenait parfois. Elle n’y fit pas attention. Mais deux heures plus tard, au cours de leur promenade, elle réfléchissait :

— Si je m’inquiétais de lui le moins du monde, je me serais émue. Que lui dit-il ? A-t-il confié notre secret ? demande-t-il con-