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ARMELLE ET CLAUDE

Ils ne craignirent point de compromettre leurs conquêtes en s’écartant des remparts. D’ailleurs toute ville est ceinte d’une zone où s’épandit quelque chose d’elle. Guérande, forteresse hautaine, est environnée de menus castels, échoués dans le jardin joyeux de ses compagnes comme des rocs éboulés d’une falaise. Ils ont l’aspect farouche et comique de vieux chiens rageurs qui ne peuvent plus mordre. Malgré leurs tours démantelées, leurs bastions effondrés, ils aboient encore après le passant et lui montrent les dents avec les tessons de bouteille de leurs murs. Ce fut un plaisir pour Armelle et pour Claude de les découvrir au fond de leurs niches de feuillage.

Si la grâce du passé les favorisait, leurs rapports ne s’amélioraient pas. Ils ne pouvaient nier que leur vie se fût heureusement imprégnée de la vie des choses mortes. Mais qu’en retiraient-ils pour le bien de leur propre cause ? Le développement de leur sensibilité les unissait-il davantage ? Ils avançaient bien de front, mais plutôt sur