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ARMELLE ET CLAUDE

châtiment. Il fallait discerner notre devoir.

— Alors, nous sommes perdus ?

— Oui, Armelle, nous sommes perdus, acceptons le destin.

Elle se mit à sangloter et dans le silence de la tour, dans la paix de l’immensité, sa plainte semblait le rythme même de la douleur. Il sentait contre ses genoux les convulsions de sa poitrine. Ses mains étaient moites de larmes. Une heure peut-être s’écoula. Puis il versa sur elle le baume des paroles, car les plus amères engourdissent aussi les plaies.

— Oh ! ma pauvre Armelle, voilà un dénouement inattendu, et nous y arrivons bien meurtris, biens ulcérés, pleins de sentiments assez médiocres. Rien de ce qui nous y pousse n’est bien joli, c’est le respect de l’opinion, c’est la terreur de la solitude, c’est la jalousie, c’est le besoin de nous accaparer l’un l’autre… Oui, je l’avoue, Armelle, j’éprouve ce besoin d’amasser contre vous tous les droits possibles, non seulement ceux que me donne l’amour,