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ARMELLE ET CLAUDE

nous sommes-bous soumis ? Notre serment, quelle bêtise ! ma crainte de la lassitude, votre haine du désir, notre effroi de gâter le charme de nos rapports, quelles folies ! Nous qui avons brisé les barrières les plus solides, nous n’avons pu vaincre la peur de l’acte amoureux. Car au fond, c’est devant cela que nous avons reculé. On a fait de cet acte quelque chose d’épouvantable et de mystérieux. C’est une sorte d’abîme, un gouffre que l’on entoure d’obstacles et contre lequel on nous prévient dès notre enfance. On le qualifie en termes méprisants, chute, défaillance, faute. Se donner, c’est succomber. Les mots amant et maîtresse sont des injures. C’est l’acte le plus important. Deux êtres qui s’aiment diffèrent totalement selon qu’ils l’ont accompli ou non. On croirait qu’ils n’ont plus la même âme. Voilà ce qui nous a terrifiés. Nous n’avons pas compris qu’au point de vue moral l’acte d’amour ne signifie rien, rien en vérité…

— Oh ! Claude, dit Armelle, c’est ma