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ARMELLE ET CLAUDE

rendait ni moins jolie, ni moins jeune, ni moins désirable, et ses lèvres ne lui avaient pas semblé moins savoureuses quand il les pressait contre les siennes sur la lande de Lanvaux. Que lui importait puisqu’il ne l’aimait à cette époque ni ne la connaissait ? Et même en ce cas, ne tendaient-ils pas à une conception de l’amour si hautaine que chacun demeurait libre de donner ses lèvres à qui lui plaisait ?

« Et moi ! Et moi ! avait crié Claude réclamant son droit de caresse, et moi, je ne suis donc rien ? Je ne compte donc pour rien ? » C’était un échec si misérable qu’ils ne le voulurent considérer que comme une inconséquence passagère. Et la vie continua.

On arrivait au milieu de l’automne. Le temps pluvieux enfermait Armelle et Claude dans la tour. Ils s’y plaisaient. La gaieté du feu les attirait sous le manteau de la cheminée hospitalière. Leur amour participait à ce bien-être physique. Ils en causaient indéfiniment. Ils expliquaient ses mérites,