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ARMELLE ET CLAUDE

C’était la conquête qu’ils avaient rapportée de leur voyage. Ce qui les attendait au fond de la Bretagne et vers quoi ils s’imaginaient avancer comme vers un être mystérieux, n’était-ce point l’amour plutôt que la nature ? Succinio, Josselin, la forêt de Brocéliande, l’étang de la Forge, chacune de ces étapes marquait, sans qu’ils s’en avisassent, un pas de plus dans la voie qu’ils suivaient. Et voulant assigner une date à leur passion, ils durent remonter de semaine en semaine, car ils ne voyaient guère que tel jour méritât cet honneur.

— Nous nous sommes aimés dès le premier soir, Armelle. Si nous avons pu changer la forme de notre sentiment, du moins ne pouvions-nous pas ne pas nous aimer. Il y avait en nous les sympathies et les affinités qui sont les germes de l’amour. Mais déjà les abîmait la vieille loi de mensonge et c’est pourquoi nous avons eu le bonheur de ne pas les distinguer.

La jeune femme repartit :

— Ainsi donc, voilà le but invisible où