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ARMELLE ET CLAUDE

Ils la virent tout entière, en sa robe de granit, avec la parure de ses dix donjons et les plaques d’acier de ses douves. Les vieux boulevards lui faisaient un collier de feuillage. Autour d’elle, comme un cadre fastueux propre à l’embellir, se déployaient les campagnes verdoyantes semées de demeures féodales et la plaine aux miroirs et aux petits tas de neige. La mer emplissait l’horizon.

— Claude, vous souvenez-vous de la première fois où je vous ai conduit ici ?

— Je m’en souviens, vous me racontiez vos peurs d’enfant quand un mauvais génie vous tenait captive, et que vous examiniez la couleur des oiseaux qui passaient.

Elle lui dit d’une voix tendre :

— Vous êtes le prince Charmant qui m’avez délivrée, Claude, les murs de ma prison sont abattus, et je n’ai plus d’entraves.

— Vous êtes la fée dont le sourire m’a rafraîchi, Armelle, je vous appellerai la fée Souriante.