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ARMELLE ET CLAUDE

Ils se regardèrent, avouant leur désir. Il éclairait leur visage, sans lui imposer d’expression sournoise ou brutale. Il ne les dominait point. Exaltation de leurs sens, il se produisait selon les lois nécessaires, parce qu’ils étaient jeunes, sains et inassouvis. Sont-ce là choses honteuses dont il faille se cacher ? Il s’établit entre eux un double courant de convoitise, comme si chacun était une source inépuisable d’ardeur qui versât à l’autre un surcroît de jeunesse. Et ce qu’ils donnaient et recevaient, ils le sentaient d’une grande pureté.

— Armelle, osa murmurer Claude, je vous désire.

Elle sourit. Ils demeuraient si sûrs d’eux-mêmes ! Et ils apprirent que rien n’est plus pur que le désir. Pourquoi l’a-t-on avili ? Comment est-ce une offense ? Ni l’eau des océans, ni l’azur du ciel, ni la bénédiction des nuits ne les avaient emplis d’une candeur aussi chaste.

Ils s’alanguirent à mesure que le soleil descendait. Détachés l’un de l’autre ils con-