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ARMELLE ET CLAUDE

bénéfice de l’isolement les délivrait chaque jour de ce que leur passé pouvait avoir de factice et d’inutile. Se souvenant de leurs premières entrevues, ils ne se reconnurent pas pour ce couple d’ennemis qui cherchaient à accorder leurs déceptions, leur égoïsme, leur volonté de bonheur personnel. Ils étaient morts ceux-là. D’autres naissaient à la vérité de l’homme et de la femme. Leurs mains se pressèrent.

Ils se sentirent très purs. Ils avaient une âme d’enfant. Ils avaient une âme claire et légère, non pas même lavée de ses taches et pansée de ses plaies, mais une âme neuve, jamais souillée et jamais blessée.

— C’est ainsi qu’elle apparaît quand on peut la voir, dit Claude, car on ne le peut qu’en ces moments de bonté et d’allégresse. Vraiment il y a quelque chose en moi de limpide, d’impalpable et de transparent, quelque chose qui a la couleur des nuits d’été sous la lune.

— Autrefois, murmura la jeune femme, j’éprouvais cela en communiant.