Page:Leblanc - Armelle et Claude, 1897.djvu/123

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
113
ARMELLE ET CLAUDE

froyable citadelle, escalade le ciel, aussi haute, aussi abrupte que la falaise des océans. Trois énormes donjons la soutiennent dont la base est le roc lui-même arrondi par quelque travail surhumain, et dont le faîte jaillit, ainsi qu’un pic hors des montagnes. À travers la baie des fenêtres brillaient des flammes immobiles ou fuyantes. Et de la masse grandiose, parmi le cône des toits et l’angle des cheminées et la pointe des lucarnes, émergea la lune, comme un disque de feu qu’eût fondu cette forge de colosses.

Ce fut presque de la douleur. Ils restaient étourdis et béants sous l’afflux des sensations qui s’engouffraient en eux avec une brutalité de torrent. Ils furent vaincus, brisés, éparpillés, ainsi que des choses inconsistantes.

Leurs mains se joignirent.

Le ciel obscur s’ouvrait devant la lune. Autour des étoiles et au ras de la terre, sa clarté blanche s’épanouissait. Elle flotta dans l’eau, sur l’image renversée de la citadelle. L’immensité lui appartenait. Elle y versait