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ARMELLE ET CLAUDE

Et peu à peu ils eurent conscience que de la vie palpitait à l’entour. Et cette vie ne se restreignait pas aux jeux des poissons et des bestioles effarées, ni aux voluptueuses câlineries de l’eau qui baise la berge. Elle s’épanouissait au large, partout, formidable, luxuriante, infinie. Elle respirait jusqu’aux plus immobiles profondeurs et gonflait de frissons la glauque surface endormie.

Armelle et Claude en furent imprégnés. Un grand souffle intérieur les emplit. La vie de la mer se ruant en eux par flots de fraîcheur, par bouffées d’aromes, par torrents d’azur, se joignit à leur vie et la doubla et l’exalta.

— Comme on existe puissamment quelquefois, dit Armelle, avec de tels battements de cœur et de tels élans d’âme qu’on pourrait croire que l’on s’entend vivre l’un l’autre. Moins qu’un bruit, c’est une sensation confuse de bruit.

— Quelque chose comme cela, fit Claude, le bras tendu.