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à Belleville, tu es sûr que personne, dans ta clinique, n’a soupçonné que c’était lui, Pierre Leduc, que la police recherche, ce mystérieux Pierre Leduc que Kesselbach voulait trouver à tout prix ?

— Personne. Il occupait une chambre à part. En outre, j’avais enveloppé sa main gauche d’un pansement pour qu’on ne pût voir la blessure du petit doigt. Quant à la cicatrice de la joue, elle est invisible sous la barbe.

— Et tu l’as surveillé toi-même ?

— Moi-même. Et, selon vos instructions, j’ai profité, pour l’interroger, de tous les instants où il semblait plus lucide. Mais je n’ai pu obtenir que des balbutiements indistincts.

Le prince murmura pensivement :

— Mort… Pierre Leduc est mort… Toute l’affaire Kesselbach reposait évidemment sur lui, et voilà… voilà qu’il disparaît sans une révélation, sans un seul mot sur lui, sur son passé… Faut-il m’embarquer dans cette aventure à laquelle je ne comprends encore rien ? C’est dangereux… Je peux sombrer…

Il réfléchit un moment et s’écria :

— Ah ! tant pis ! je marche quand même. Ce n’est pas une raison parce que Pierre Leduc est mort pour que j’abandonne la partie. Au contraire ! Et l’occasion est trop tentante. Pierre Leduc est mort. Vive Pierre Leduc !… Va, docteur. Rentre chez toi. Ce soir je te téléphonerai.

Le docteur sortit.

— À nous deux, Philippe, dit Sernine au dernier visiteur, un petit homme aux cheveux