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“813”

— En deux mots, Lenormand, voici la chose : la rentrée en scène de Lupin nous embête. Assez longtemps cet animal-là s’est fichu de nous. C’était drôle, je le confesse, et, pour ma part, j’étais le premier à en rire. Il s’agit maintenant de crimes. Nous pouvions subir Arsène Lupin tant qu’il amusait la galerie. S’il tue, non.

— Et alors, monsieur le Président, que me demandez-vous ?

— Ce que nous demandons ? Oh ! c’est bien simple. D’abord son arrestation, ensuite sa tête.

— Son arrestation, je puis vous la promettre pour un jour ou l’autre. Sa tête, non.

— Comment ! Si on l’arrête, c’est la cour d’assises, la condamnation inévitable et l’échafaud.

— Non.

— Et pourquoi non ?

— Parce que Lupin n’a pas tué.

— Hein ? Mais vous êtes fou, Lenormand. Et les cadavres du Palace Hôtel, c’est une fable, peut-être ! Il n’y a pas eu triple assassinat ?

— Oui, mais ce n’est pas Lupin qui l’a commis.

Le chef articula ces mots très posément, avec une tranquillité et une conviction impressionnantes.

Le Procureur et le Préfet protestèrent. Mais Valenglay reprit :

— Je suppose, Lenormand, que vous n’avancez pas cette hypothèse sans de sérieux motifs ?

— Ce n’est pas une hypothèse.