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la Sûreté dont il prisait les qualités et le caractère indépendant. Il convoqua dans son cabinet le Préfet et le procureur général, avec lesquels il s’entretint, puis M. Lenormand.

— Oui, mon cher Lenormand, il s’agit de l’affaire Kesselbach. Mais avant d’en parler, j’attire votre attention sur un point… sur un point qui tracasse particulièrement M. le Préfet de police. Monsieur Delaume, voulez-vous expliquer à M. Lenormand ?…

— Oh ! M. Lenormand sait parfaitement à quoi s’en tenir à ce sujet, répliqua le Préfet d’un ton qui indiquait peu de bienveillance pour son subordonné ; nous en avons causé tous deux ; je lui ai dit ma façon de penser sur sa conduite incorrecte au Palace-Hôtel. D’une façon générale, on est indigné.

M. Lenormand se leva, sortit de sa poche un papier qu’il déposa sur la table.

— Qu’est ceci ? demanda Valenglay.

— Ma démission, monsieur le Président.

Valenglay bondit.

— Quoi ! Votre démission ? Pour une observation bénigne que M. le Préfet vous adresse et à laquelle il n’attribue d’ailleurs aucune espèce d’importance… n’est-ce pas, Delaume, aucune espèce d’importance ? Et voilà que vous prenez la mouche !… Vous avouerez, mon bon Lenormand, que vous avez un fichu caractère. Allons, rentrez-moi ce chiffon de papier et parlons sérieusement.

Le chef de la Sûreté se rassit, et Valenglay, imposant le silence au Préfet qui ne cachait pas son mécontentement, prononça :