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“813”

Il se mit à rire.

— L’ouvrage était bien fait, et les officiers de Sa Majesté n’y ont vu que du feu. Mais comment auraient-ils pu deviner que c’est moi-même qui ai travaillé ce roc, que, à la dernière seconde, j’ai donné le coup de pioche définitif, et que ledit roc a roulé suivant le chemin que j’avais tracé entre lui… et un Empereur dont je tenais à sauver la vie ?

Il soupira :

— Ah ! Lupin, que tu es compliqué ! Tout cela parce que tu avais juré que cette Majesté te donnerait la main ! Te voilà bien avancé… « La main d’un Empereur n’a pas plus de cinq doigts », comme eût dit Victor Hugo.

Il entra dans la chapelle et ouvrit, avec une clef spéciale, la porte basse d’une petite sacristie.

Sur un tas de paille gisait un homme, les mains et les jambes liées, un bâillon à la bouche.

— Eh bien ! l’ermite, dit Lupin, ça n’a pas été trop long, n’est-ce pas ? Vingt-quatre heures au plus… Mais ce que j’ai bien travaillé pour ton compte ! Figure-toi que tu viens de sauver la vie de l’Empereur… Oui, mon vieux. Tu es l’homme qui a sauvé la vie de l’Empereur. C’est la fortune. On va te construire une cathédrale et t’élever une statue. Tiens, prends tes habits.

Abasourdi, presque mort de faim, l’ermite se releva en titubant.

Lupin se rhabilla vivement et lui dit :

— Adieu, digne vieillard. Excuse-moi pour tous ces petits tracas. Et prie pour moi. Je vais