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était finie, et, maître de lui, ses nerfs détendus, sérieux et taciturne, il examinait la situation.

Il sentait le moment venu des décisions irrévocables. Son existence s’était brisée net, en quelques jours, sous l’assaut de catastrophes imprévues, se ruant les unes après les autres à la minute même où il croyait son triomphe assuré. Qu’allait-il faire ? Recommencer ? Reconstruire ? Il n’en avait pas le courage. Alors ?

Toute la matinée il erra dans le parc, promenade tragique où la situation lui apparut en ses moindres détails et où, peu à peu, l’idée de la mort s’imposait à lui avec une rigueur inflexible.

Mais, qu’il se tuât ou qu’il vécût, il y avait tout d’abord une série d’actes précis qu’il lui fallait accomplir. Et ces actes, son cerveau, soudain apaisé, les voyait clairement.

L’horloge de l’église sonna l’Angélus de midi.

— À l’œuvre, dit-il, et sans défaillance.

Il revint vers le chalet, très calme, rentra dans sa chambre, monta sur un escabeau, et coupa la corde qui retenait Pierre Leduc.

— Pauvre diable, dit-il, tu devais finir ainsi, une cravate de chanvre au cou. Hélas ! Tu n’étais pas fait pour les grandeurs… J’aurais dû prévoir ça, et ne pas attacher ma fortune à un faiseur de rimes.

Il fouilla les vêtements du jeune homme et n’y trouva rien. Mais, se rappelant le second portefeuille de Dolorès, il le prit dans la poche où il l’avait laissé.

Il eut un mouvement de surprise. Le porte-