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en débrouilla l’écheveau, montra Malreich habitant, à l’insu de tous, la chambre de son frère, le faux major Parbury, allant et venant, invisible, par les couloirs du Palace-Hôtel, et assassinant Kesselbach, assassinant le garçon d’hôtel, assassinant le secrétaire Chapman.

On se rappelle les débats. Ils furent terrifiants à la fois et mornes ; terrifiants par l’atmosphère d’angoisse qui pesa sur la foule et par les souvenirs de crime et de sang qui obsédaient les mémoires — mornes, lourds, obscurs, étouffants, par suite du silence formidable que garda l’accusé.

Pas une révolte. Pas un mouvement. Pas un mot.

Figure de cire, qui ne voyait pas et qui n’entendait pas ! Vision effrayante de calme et d’impassibilité ! Dans la salle on frissonnait. Les imaginations affolées, plutôt qu’un homme, évoquaient une sorte d’être surnaturel, un génie des légendes orientales, un de ces dieux de l’Inde qui sont le symbole de tout ce qui est féroce, cruel, sanguinaire et destructeur.

Quant aux autres bandits, on ne les regardait même pas, comparses insignifiants qui se perdaient dans l’ombre de ce chef démesuré.

La déposition la plus émouvante fut celle de Mme Kesselbach. À l’étonnement de tous, et à la surprise même de Lupin, Dolorès qui n’avait répondu à aucune des convocations du juge, et dont on ignorait la retraite, Dolorès apparut, veuve douloureuse, pour apporter un témoignage irrécusable contre l’assassin de son mari.