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à ce petit jeu, il va nous filer entre les mains. Ton auto, Waldemar.

Le comte donna les ordres et revint. Lupin ne s’était pas réveillé. L’Empereur qui inspectait la salle, dit à Waldemar :

— C’est la salle de Minerve, ici, n’est-ce pas ?

— Oui, Sire.

— Mais alors, pourquoi ce N, à deux endroits ?

Il y avait en effet, deux N, l’un au-dessus de la cheminée, l’autre au-dessus d’une vieille horloge encastrée dans le mur, toute démolie, et dont on voyait le mécanisme compliqué, les poids inertes au bout de leurs cordes.

— Ces deux N, dit Waldemar…

L’Empereur n’écouta pas la réponse. Lupin s’était encore agité, ouvrant les yeux et articulant des syllabes indistinctes. Il se leva, marcha à travers la salle, et retomba exténué.

Ce fut alors la lutte, la lutte acharnée de son cerveau, de ses nerfs, de sa volonté, contre cette torpeur affreuse qui le paralysait, lutte de moribond contre la mort, lutte de la vie contre le néant.

Et c’était un spectacle infiniment douloureux.

— Il souffre, murmura Waldemar.

— Ou du moins il joue la souffrance, déclara l’Empereur, et il la joue à merveille. Quel comédien !

Lupin balbutia :

— Une piqûre, docteur, une piqûre de caféine… tout de suite…

— Vous permettez. Sire ? demanda le docteur.

— Certes… Jusqu’à midi, tout ce qu’il veut, on doit le faire. Il a ma promesse.