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“813”

— Mon cher comte, donnez l’ordre, s’il vous plaît…

Waldemar fit un signe. Trois de ses hommes se jetèrent sur la jeune fille, et, après une lutte acharnée où la malheureuse trépigna de colère et se tordit sur elle-même en poussant des cris, on lui arracha le volume.

— Tout doux, l’enfant, disait Lupin, du calme… C’est pour la bonne cause, tout cela… Qu’on la surveille ! Pendant ce temps, je vais examiner l’objet du litige.

C’était, dans une vieille reliure qui datait au moins d’un siècle, un tome dépareillé de Montesquieu, qui portait ce titre : Voyage au Temple de Gnide. Mais à peine Lupin l’eut-il ouvert qu’il s’exclama :

— Tiens, tiens, c’est bizarre. Sur le recto de chacune des pages, une feuille de parchemin a été collée, et sur cette feuille, sur ces feuilles, il y a des lignes d’écriture, très serrées et très fines.

Il lut, tout au début :

« Journal du chevalier Gilles de Malrèche, domestique français de son Altesse Royale le prince de Deux-Ponts-Veldenz, commencé en l’an de grâce 1794. »

— Comment, il y a cela ? dit le comte…

— Qu’est-ce qui vous étonne ?

— Le grand-père d’Isilda, le vieux qui est mort il y a deux ans, s’appelait Malreich, c’est-à-dire le même nom germanisé.

— À merveille ! Le grand-père d’Isilda devait être le fils ou le petit-fils du domestique français qui écrivait son journal sur un tome dépa-