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“813”

du brave homme auquel je me suis substitué, et dont je vous ferai tenir l’acte de décès.

— Des blagues !

— Ma foi, monsieur le Juge d’instruction, je vous confesserai que cela m’est tout à fait égal. S’il vous déplaît que je sois M. Lenormand, n’en parlons plus. S’il vous plaît que j’aie tué Altenheim, à votre guise. Vous vous amuserez à fournir des preuves. Je vous le répète, tout cela n’a aucune importance pour moi. Je considère toutes vos questions et toutes mes réponses comme nulles et non avenues. Votre instruction ne compte pas, pour cette bonne raison que je serai au diable vauvert quand elle sera achevée. Seulement…

Sans vergogne, il prit une chaise et s’assit en face de M. Formerie de l’autre côté du bureau. Et d’un ton sec :

— Il y a un seulement, et le voici : vous apprendrez, monsieur, que, malgré les apparences et malgré vos intentions, je n’ai pas, moi, l’intention de perdre mon temps. Vous avez vos affaires… j’ai les miennes. Vous êtes payé pour faire les vôtres. Je fais les miennes… et je me paye… Or, l’affaire que je poursuis actuellement est de celles qui ne souffrent pas une minute de distraction, pas une seconde d’arrêt dans la préparation et dans l’exécution des actes qui doivent la réaliser. Donc, je la poursuis, et comme vous me mettez dans l’obligation passagère de me tourner les pouces entre les quatre murs d’une cellule, c’est vous deux, messieurs, que je charge de mes intérêts. C’est compris ?

Il était debout, l’attitude insolente et le