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— Et alors, comment ça va, l’ami… Des injures ?… Mais non, mais non, mon vieux, ce n’est pas du tout ce qu’on te demande ! Tu fais fausse route. Ce qu’il me faut, ce sont de bonnes confidences, bien complètes, bien détaillées, concernant tout ce que tu as révélé à Kesselbach… l’histoire de Pierre Leduc, etc… C’est clair ?…

Sernine écoutait avec stupeur. Il n’y avait pas à se tromper, cette fois : le baron s’adressait réellement au vieux Steinweg. Colloque impressionnant ! Il lui semblait surprendre le dialogue mystérieux d’un vivant et d’un mort, une conversation avec un être innommable, respirant dans un autre monde, un être invisible, impalpable, inexistant.

Le baron reprit, ironique et cruel :

— Tu as faim ? Mange donc, mon vieux. Seulement, rappelle-toi que je t’ai donné d’un coup toute ta provision de pain, et que, en la grignotant, à raison de quelques miettes en vingt-quatre heures, tu en as tout au plus pour une semaine… Mettons dix jours !… Dans dix jours, couic, il n’y aura plus de père Steinweg. À moins que d’ici là tu aies consenti à parler. Non ? On verra ça demain… Dors, mon vieux.

Le lendemain, à une heure, après une nuit et une matinée sans incident, le prince Sernine sortait paisiblement de la villa Dupont et, la tête faible, les jambes molles, tout en se dirigeant vers le plus proche restaurant, il résumait la situation :

— Ainsi, mardi prochain, Altenheim et l’assassin du Palace Hôtel ont rendez-vous à