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— Mais oui, madame, dans sa chambre.

— Faites-la venir, mademoiselle, ordonna le chef de la Sûreté.

Au bout d’un instant, Gertrude descendit, avenante et gracieuse avec son tablier blanc orné de broderies.

Elle avait une figure assez jolie, en effet, encadrée de cheveux roux.

M. Lenormand la regarda longtemps sans rien dire, comme s’il cherchait à pénétrer au-delà de ces yeux innocents.

Il ne l’interrogea pas. Au bout d’une minute, il dit simplement :

— C’est bien, mademoiselle, je vous remercie. Tu viens, Gourel ?

Il sortit avec le brigadier et, tout de suite, en suivant les allées sombres du jardin, il dit :

— C’est elle.

— Vous croyez, chef ? Elle a l’air si tranquille !

— Beaucoup trop tranquille. Une autre se serait étonnée, m’aurait demandé pourquoi je la faisais venir. Elle, rien. Rien que l’application d’un visage qui veut sourire à tout prix. Seulement, de sa tempe, j’ai vu une goutte de sueur qui coulait le long de son oreille.

— Et alors ?

— Alors, tout cela est clair. Gertrude est complice des deux bandits qui manœuvrent autour de l’affaire Kesselbach, soit pour surprendre et pour exécuter le fameux projet, soit pour capter les millions de la veuve. Sans doute, l’autre sœur est-elle aussi du complot.