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“813”

— Ne bougez pas, chef, nous sommes dans le cabinet de toilette de Pierre Leduc. J’ouvre la porte de l’alcôve où il couche… Ne craignez rien… il a pris son véronal comme tous les soirs… rien ne le réveille. Venez là… Hein, la cachette est bonne ?… ce sont les rideaux de son lit… D’ici, vous voyez la fenêtre et tout le côté de la chambre qui va du lit à la fenêtre.

Elle était grande ouverte, cette fenêtre, et une confuse clarté pénétrait, très précise par moments, lorsque la lune écartait le voile des nuages.

Les deux hommes ne quittaient pas des yeux le cadre vide de la croisée, certains que l’événement attendu se produirait par là.

Un léger bruit… un craquement…

— Il escalade le treillage, souffla Gourel.

— C’est haut ?

— Deux mètres… deux mètres cinquante… Les craquements se précisèrent.

— Va-t’en, Gourel, murmura Lenormand, rejoins les Doudeville… ramène-les au pied du mur, et barrez la route à quiconque descendra d’ici.

Gourel s’en alla.

Au même moment une tête apparut au ras de la fenêtre, puis une ombre enjamba le balcon. M. Lenormand distingua un homme mince, de taille au-dessous de la moyenne, vêtu de couleur foncée, et sans chapeau.

L’homme se retourna et, penché au-dessus du balcon, regarda quelques secondes dans le vide comme pour s’assurer qu’aucun danger ne le menaçait. Puis il se courba et s’étendit sur le parquet. Il semblait immobile. Mais, au bout