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III

Geneviève entra, vive et charmante.

— Toutes mes petites sont au dortoir, j’ai dix minutes de répit… Eh bien, grand-mère, qu’est-ce que c’est ? Tu as une figure toute drôle… Est-ce encore cette histoire ?

— Non, mademoiselle, dit Sernine, je crois avoir été assez heureux pour rassurer votre grand-mère. Seulement, nous causions de vous, de votre enfance, et c’est un sujet, semble-t-il, que votre grand-mère n’aborde pas sans émotion.

— De mon enfance ?… dit Geneviève en rougissant… Oh ! grand-mère !…

— Ne la grondez pas, mademoiselle, c’est le hasard qui a amené la conversation sur ce terrain. Il se trouve que j’ai passé souvent par le petit village où vous avez été élevée.

— Aspremont ?

— Aspremont, près de Nice… Vous habitiez là une maison neuve, toute blanche…

— Oui, dit-elle, toute blanche, avec un peu de peinture bleue autour des fenêtres… J’étais bien jeune, puisque j’ai quitté Aspremont à sept ans ; mais je me rappelle les moindres choses de ce temps-là. Et je n’ai pas oublié l’éclat du soleil sur la façade blanche, ni l’ombre de l’eucalyptus au bout du jardin…

— Au bout du jardin, mademoiselle, il y avait un champ d’oliviers, et, sous un de ces oliviers, une table où votre mère travaillait les jours de chaleur…