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“813”

— C’est le moment ou jamais de surgir, se dit le prince.

Et il s’élança.

En dix secondes il avait presque atteint le bord de l’eau.

À son approche les trois hommes s’enfuirent.

— Fuyez, malandrins, ricana-t-il, fuyez à toutes jambes. Voilà le sauveur qui émerge.

Et il se mit à les poursuivre. Mais une des dames le supplia :

— Oh ! monsieur, je vous en prie mon amie est malade.

La plus petite des promeneuses, en effet, était tombée sur le gazon, évanouie.

Il revint sur ses pas et, avec inquiétude :

— Elle n’est pas blessée ? dit-il… Est-ce que ces misérables ?…

— Non… non… c’est la peur seulement… l’émotion… Et puis… vous allez comprendre… cette dame est Mme Kesselbach…

— Oh ! dit-il.

Il offrit un flacon de sels que la jeune femme fit aussitôt respirer à son amie. Et il ajouta :

— Soulevez l’améthyste qui sert de bouchon Il y a une petite boîte, et dans cette boîte, des pastilles. Que madame en prenne une… une, pas davantage… c’est très violent…

Il regardait la jeune femme soigner son amie. Elle était blonde, très simple d’aspect, le visage doux et grave, avec un sourire qui animait ses traits alors même qu’elle ne souriait pas.

— C’est Geneviève, pensa-t-il…

Et il répéta en lui-même, tout ému :