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CHAPITRE VI.

tive d’une dérivée donnée. Précédemment, nous résolvions ces questions en nous servant de l’intégrale définie ; on peut se demander si, inversement, nous ne pourrions pas définir l’intégrale à l’aide des fonctions primitives. C’est la méthode de Duhamel et Serret[1]. Pour ces Auteurs une fonction a une intégrale dans lorsqu’elle admet dans une fonction primitive . Cette intégrale est, par définition,

.

Cette définition n’est pas équivalente à la définition de Riemann. D’une part, il existe, nous le savons, des fonctions intégrables, au sens de Riemann, qui ne sont pas des fonctions dérivées ; d’autre part, il existe, comme nous allons voir, des fonctions dérivées non intégrables au sens de Riemann.

Le premier exemple de telles fonctions est dû à M. Volterra (Giornale de Battaglini, 1881) ; voici comment on l’obtient :

Soit un ensemble parfait non dense qui ne soit pas un groupe intégrable (p. 43). Soit un intervalle contigu à , considérons la fonction

 ;

sa dérivée s’annule une infinité de fois entre et , soit la plus grande valeur de non supérieure à qui annule . Ceci posé, nous définissons une fonction par les conditions suivantes : elle est nulle aux points de  ; dans tout intervalle contigu à , elle est égale à de à  ; de à , la fonction est constante et égale à  ; de à , est égale à .

Cette fonction est évidemment continue. Elle a une dérivée ; ceci est évident pour les points qui n’appartiennent pas à  ; soit un point de , le rapport est nul si est point de . Si n’est pas point de , il appar-

  1. En réalité, Duhamel et Serret ne considéraient guère que des fonctions continues. Pour ces fonctions, d’après ce qui précède, leur définition est équivalente à celle de Cauchy ; il n’y a plus alors que des différences d’exposition.