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incendies des houppes ébranchées, et qui ne basaient leurs arguments que sur des théories.


Lutte contre l’Incendie. — Les gardes-forestiers employés par l’État pour combattre les incendies déclarent, pour la plupart, qu’il est plus facile d’éteindre un incendie de houppes ébranchées qu’un incendie de houppes non ébranchées. Dans ce dernier cas, les branches et les autres petites matières inflammables sont élevées de plusieurs pieds au-dessus du sol, de sorte que, lorsqu’elles prennent en feu, et que le temps est sec, l’écorce qui brûle, les rameaux, et les autres matières légères seront emportés par le moindre vent. Si à la sécheresse s’ajoute au grand vent, les flammes, alimentées par les corps tenus en suspens au-dessus du sol, seront emportées au loin. Il se formera une sorte de couronne de feu qui dévorera toute la forêt. Lorsque les houppes ont été ébranchées, les débris se trouvent plus près du sol, et le feu est moins exposé à sauter d’un endroit à l’autre, et les hommes peuvent s’en rapprocher pour le combattre. Il paraît probable aussi que, toutes autres conditions étant égales, un incendie se propagera plus vite dans des houppes non ébranchées que dans des houppes ébranchées, pour les raisons susdites.


Construction de Lignes Coupe-Feux. — On a beaucoup discuté la facilité relative de construire des lignes coupe-feux. Ici, comme en plusieurs autres points discutés, il importe d’établir une distinction claire entre l’exploitation du bois d’eeuvre et celle du bois à pâte. Personne ne saurait nier qu’il n’est pas plus difficile de tracer des lignes coupefeux sur une coupe de bois d’eeuvre, où les houppes n’ont pas été ébranchées, que sur une où elles ont été dépouillées de leurs branches, à cause de la taille de ces houppes, leur enchevêtrement, et la somme d’élagage à faire pour débarrasser le chemin à tracer. Il y a cependant une certaine somme de raison chez ceux qui s’opposent à la loi, quand ils disent que dans l’exploitation du bois à pâte les houppes sont si petites qu’en seul homme peut les manier, et que ce travail peut être effectué plus vite et d’une manière plus satisfaisante que lorsque les houppes ont été ébranchées, parce qu’il faut enlever beaucoup plus de pièces. D’un autre côté, les témoignages des gardes-forestiers, qui étaient les seuls familiarisés avec ce travail, dans les coupes où les houppes avaient été ébranchées, attestent que la construction des lignes coupe-feux y est plus facile. Toutefois la différence ne sera guère sensible dans une exploitation de bois à pâte, où l’on utilise une grande partie des houppes, de sorte que peu de houppes seront trop lourdes pour être maniées par un seul homme. On croit généralement que le feu de houppes non ébranchées traversera plus facilement une ligne coupe-feu.