Page:Lea - Léo Taxil, Diana Vaughan et l'Église Romaine, 1901.djvu/36

Cette page a été validée par deux contributeurs.

nonçaient Taxil comme l’inventeur d’un mythe. Mais la clairvoyance infaillible de Rome était en jeu et le Vatican ne pouvait admettre qu’on se fût moqué de lui. Le 16 octobre, A. Villard, chapelain domestique du Pape et secrétaire du cardinal Parocchi, écrivit à Diana pour la fortifier contre la tempête de calomnies qui ne craignaient pas de nier jusqu’à son existence. Il avait, disait-il, les preuves matérielles et morales, non seulement de l’existence de Diana, mais encore de la sincérité de sa conversion ; il la pressait de continuer à écrire ces ouvrages qui fournissaient des armes pour terrasser l’ennemi du genre humain. Cependant la commission d’Alliata poursuivait ses travaux. Les propos tenus publiquement par certains membres montraient qu’on était bien près de conclure que toute l’affaire était une fraude ; mais des ordres supérieurs firent ajourner le dépôt du rapport et quand ce rapport parut, le 22 janvier 1897, l’embarras de la rédaction trahit à l’évidence la contrainte qu’avait subie son auteur. Il était dit, par exemple, que la commission n’avait pas qualité pour prononcer sur les révélations de Diana, mais seulement sur ce qui touchait à sa personne, et qu’elle n’avait pu obtenir aucune preuve concluante ni pour ni contre son existence, ni pour ni contre sa conversion et l’authenticité de ses écrits.

Cette prudente réserve ne fut pas imitée par la presse catholique. Taxil, dans les fascicules mensuels des Mémoires, dut bravement tenir tête à des torrents d’accusations et d’injures. Mais la plaisanterie touchait à sa fin. Il y avait encore quelques hommes qui soutenaient résolument la réalité de Diana Vaughan et de ses épreuves ; de ce nombre étaient l’évêque de Grenoble, Mgr  Fava, et le chanoine Mustel, directeur de la Revue de Coutances. Mais la polémique des journaux devenait de jour en jour plus bruyante et plus hostile : Taxil comprit qu’il fallait couper court à la mystification. Dans le numéro des Mémoires du 25 février 1897, Diana annonça qu’elle paraîtrait en public le lundi de Pâques, 19 avril, dans la salle de la Société de Géographie, et qu’elle y ferait une conférence explicative, avec accompagnement de projections lumineuses. La séance était réservée