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possibilité de venir déposer en personne et je viens d’envoyer ce que j’avais à dire à Me Labori.

Me Labori. — Je ne l’ai pas encore reçu.

M. le Président. — Alors, c’est réservé ?

Me Labori. — Oui.

M. le Président. — Voici une lettre de M. Gasimir-Perier :

Monsieur le Président,

Il m’a été remis, à la requête de MM. Perrenx et Zola une citation à comparaître à l’audience de ce jour devant la Cour d’assises de la Seine pour dire et déposer vérité dans l’affaire instruite contre les requérants. Je ne puis éclairer la justice sur aucun fait postérieur à ma démission de Président de la République. J’ajoute que si j'étais interrogé sur des faits qui se sont produits alors que j'occupais la présidence de la République, l’irresponsabilité constitutionnelle m’imposerait le silence. Je suis, par déférence pour la Cour prêt à me rendre devant elle, si elle juge nécessaire que je re produise verbalement cette déclaration. (Rumeurs.)

Me Labori. — Je fais toutes réserves en ce qui concerne M. Casimir-Perier.

INCIDENT
Relatif à la lettre d’excuse de M. le colonel du Paty de Clam.

M. le Président. — Voici une lettre du lieutenant-colonel du Paty de Clam :

J’ai reçu citation à venir déposer devant la Cour d’assises de la Seine à l’audience du 7 février courant, sous votre présidence. J'ai exercé les fonctions d’officier de police judiciaire dans l'affaire Dreyfus ; je ne suis intervenu dans les débats de l'affaire Esterhazy que par une déposition faite à huis clos et sur laquelle je suis tenu au secret professionnel. Dans ces conditions, j’ai l’honneur de vous prier de m’excuser de ne pas comparaître à l’audience ou je ne pourrais fournir aucun renseignement sur les faits relevés dans l'assignation.

Me Labori. — Ici, je demanderai à la Cour la permission de déposer immédiatement des conclusions En ce qui concerne M. le lieutenant-colonel du Paty de Clam MM. Zola et Perrenx considèrent qu’il s’agit d’un témoin de la plus haute importance qui se rattache, par les faits qui le concernent, non seulement à l’affaire de l’ex-capitaine Dreyfus mais à celle de M. le commandant Esterhazy. En outre, M. le lieutenant-colonel du Paty de Clam doit être entendu au point de vue même de la bonne foi des prévenus ; car, s’il faut en croire certains renseignements qui ont été fournis à M. Zola et dont il demandera à faire la production à l’audience, M. le lieutenant-colonel du Paty de Clam a été mêlé à des faits qui concernent M. le colonel Picquart et dont certains seront curieux. Pour toutes ces raisons,