Page:Le proces Zola devant la cour d assises de la Seine et la cour de cassation, Paris Bureaux du Siècle etc , 1898, Tome 1.djvu/532

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Et si je poursuis mes investigations en examinant comment M. Esterhazy et l’auteur du bordereau terminent leurs lettres, terminent leurs mots, je remarque que les finales des mots sont les mêmes chez M. Esterhazy et chez l’auteur du bordereau.

Prenons, en effet, les r. M. Esterhazy fait un r final, qui a la forme d’un v microscopique, d’un v de forme typographique… Maintenant, je vous ai dit que M. Esterhazy, et l’auteur du bordereau, étaient tous les deux, — c’est encore une particularité à noter —, incapables de faire un s normal, parce que leur coup de plume est un coup de plume purement dextrogyre et que la boucle de l’s exige un coup de plume sinistrogyre. Prenons l’s du mot intéressants, vous verrez que c’est un s tout petit, minuscule.

Maintenant, quant aux finales en t,— j’insiste encore parce que vous verrez que le coup de plume est identique chez M. Esterhazy et chez l’auteur du bordereau, — quand au t final, vous verrez qu’il est très souvent diminué et il se termine par un appendice qui indique toujours un mouvement dextrogyre ; et, comme je vous le disais, dans ces t de la fin des mots, il y en a seulement un quart qui est barré, alors que dans le corps du texte, il y a deux tiers de t barrés.

Vous voyez ce trait dextrogyre... Si vous prenez le bordereau, vous voyez cet appendice à la fin des lettres ; si vous prenez l'écriture de M. Esterhazy, vous trouverez ce trait accompagné d’un appendice dextrogyre. Il y a donc une identité absolue dans la manière de terminer la lettre chez M. Esterhazy comme chez l’auteur du bordereau.

Je prends une autre finale, la finale e ; c’est extrêmement important, Messieurs, parce que la personne qui a été condamnée pour avoir écrit le bordereau écrit ses e de la manière que vous voyez...

M. le Président. — Ne parlons pas de l’affaire Dreyfus, parlons de l’affaire Esterhazy.

M. Franck. — Parfaitement, monsieur le Président.

Il y a des personnes qui terminent des e de cette manière : eh bien ! M. Esterhazy ne termine pas ainsi ; chez lui le délié est très courbe, et parfois il termine par un trait horizontal qui a jusqu’à 6 millimètres d’étendue. Dans le bordereau, il y a 62 finales qui se terminent, soit par un trait arrondi et une courbe, soit par un trait horizontal ayant jusqu’à 6 millimètres d’amplitude. Je prends une lettre de M. Esterhazy où je vois qu’il y a 170 finales en e, et je remarque que toutes ces 170 finales sont absolument identiques aux 62 finales en e du bordereau.

Une dernière finale, messieurs, qui est extrêmement caractéristique, c’est la finale en z. On vous a appris, comme à moi, à l’école, à faire un z de forme calligraphique ; eh bien ! M. Esterhazy ne fait pas le z calligraphique, il emploi une méthode sténographique, et coïncidence très curieuse, ce mode spécial