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nombreuses lettres d’Esterhazy, j’ai eu également des lettres de Dreyfus en originaux.

Je demande la permission de me retirer.

Me  Labori. — Je ne ferai qu’une seule observation : c'est que, si un incident d’audience nous obligeait à demander au témoin un complément d’information, nous le ferions prier de revenir.

DÉPOSITION DE M. CÉLERIER
Professeur au collège de Fontenay-le-Comte, expert écrivain

(Le témoin prête serment.)

M. le Président. — Maître Labori, quelle question ?

Me  Labori. — M. l’expert voudrait-il nous faire connaître quelles sont les études auxquelles il s’est livré relativement a l’écriture du commandant Esterhazy, relativement au bordereau qui a été versé à l’affaire Esterhazy, et quelles sont les conclusions auxquelles il est arrivé ?

M. Célerier. — Messieurs les jurés, j’ai examine l'écriture de la pièce appelée communément le bordereau, puis l'écriture de M. Esterhazy, et je suis arrivé à la conclusion, après avoir comparé les écritures, que l’écriture du bordereau était la même que celle de M Esterhazy.

M. le Président. — Qu’est-ce que vous aviez entre les mains, un fac-similé du bordereau ?

M. Célerier. — J’avais entre les mains un fac-similé pris dans une brochure de M. Bernard Lazare… Voici la pièce...

M. le Président. — Oh ! non, il faut laisser les papiers dans votre poche. Et puis, comme lettre de M. Esterhazy ?

M. Célerier. — J’avais une lettre commençant par ces mots : «Je reçois avec surprise... », une lettre de quatre pages et d’autres papiers.

M. le Président. — Mais, ce n’était pas un original ?

M. Célerier. — Ce n’étaient pas des originaux, ce n’étaient que des fac-similés.

M. le Président. — Vous n’aviez donc aucun original, ni l'original du bordereau, ni l’original des lettres du commandant Esterhazy ? C’est sur des fac-similés que vous avez travaillé ?... Continuez maintenant.

M. Célerier. — Voici, Messieurs, quelques preuves à l'appui de mes conclusions : J’ai remarqué, par exemple, la forme de la lettre f dans le bordereau ; j’ai retrouvé cette lettre sous la même forme dans la lettre du commandant que j’avais entre les mains. La double s est également la même de part et d’autre, surtout la seconde qui forme avec l’e final, par exemple dans les mots adresse, interesse, un coup de plume absolument identique. J’ai remarqué aussi les différentes formes de la let-