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tous être d’accord : Vous voyez ce qu’a affirmé déjà Mme  de Boulancy, c’est que ces lettres contiennent des outrages à l'armée et à la France. Vous savez que ces outrages à l’armée et à la France ont été proférés par un officier français. Eh bien ! alors qu’il y a ici, tout au moins — s’il n’y a pas d’autre affaire — alors qu’il y a ici une affaire Esterhazy, je crois qu’il est indispensable de savoir quels sont les outrages à l’armée et à la France, au moins aussi graves que ceux contenus dans la lettre du uhlan, qui peuvent se trouver dans les nouvelles lettres du commandant Esterhazy. Je pense que les amis de M. le commandant Esterhazy, que le commandant Esterhazy lui-même, vont être les premiers à se joindre à nous pour souhaiter de connaître le texte de ces lettres. La Cour sait que nous ne pouvons pas faire venir ici Mme  de Boulancy La question est extraordinairement grave ; elle concerne le commandant Esterhazy dont l’affaire est jugée ici. Dans ces conditions, j’insiste pour que la Cour réponde affirmativement aux conclusions crue j’ai l’honneur de déposer entre ses mains.

M. le Président. — La Cour remet à demain pour statuer.

(A l'huissier audiencier.) Faites venir un autre témoin.

DÉPOSITION DE M. ÉMILE MOLINIER
Conservateur au Musée du Louvre, archiviste paléographe

(Le témoin prête serment.)

M. le Président. — Maître Labori, quelle question ?

Me  Labori. — M. Molinier voudrait-il bien nous faire connaître quel est le résultat de l’examen auquel il s’est livré en ce qui concerne le bordereau de l’affaire Esterhazy, et quelles sont les conclusions auxquelles il est arrivé à la suite de ses études ?

M. E. Molinier. — Messieurs les jurés, je vous dirai d’abord que je n’ai eu entre les mains que des fac-similés du bordereau et, en particulier, le fac-similé qui a été publié par le journal Le Matin.

Or, comme j’ai l’habitude de me servir de ce genre de facsimilés, que, depuis vingt ans, je fais constamment reproduire, soit des manuscrits, soit des documents graphiques quelconques par les mêmes procédés, je puis assurer qu’un document reproduit par le gillotage peut, pour les constatations que j’ai pu faire en gros sur le bordereau, avoir la valeur d’un original . Que le bordereau, tel qu’il a été publié par le journal Le Matin, soit une reproduction d’après une photographie du susdit bordereau, que ce soit la reproduction d’un calque exécuté sur l’original du bordereau, peu importe ! Pour moi, dans ce bordereau, je retrouve en somme l’original ; car si, par l’impression, par les différentes opérations de clichage, il peut se produire quelques différences dans l’épaisseur des traits, par contre, les signes