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par M. Bernard Lazare, dans laquelle il a réuni un certain nombre d expertises et mis en tête et à la fin un double fac-similé afin qu’on pût comparer continuellement les écritures soit qu'on lise d’un côté de la brochure, soit qu’on lise de l’autre cote. Eh bien ! ce qu’il y a de curieux, c’est que ces deux spécimens, qui sont moins bons que celui du Matin, parce qu’ils en proviennent d'une façon plus ou moins immédiate ou médiate, ne sont pas eux-mêmes d’une valeur égale : il y en a un qui est excellent ; l’autre est moins bon. Mais le meilleur de tous est incomparablement le cliché du Matin.

Je crois que les experts — et je poserai la question aux divers experts qui viendront, sans bien entendu reprendre cette explication… — Mais je vous demanderai, monsieur le Président, de vouloir bien examiner ces divers spécimens et de consulter M. Meyer sur le point de savoir si c’est sur le spécimen du Matin qu’il a travaillé. Enfin, je vous serai reconnaissant de faire passer le tout à MM. les jurés, afin qu’ils comparent.

(Me  Labori fait passer au Président le fac-similé du Matin et d'autres fac-similés.)

M. le Président. — Nous connaissons tout cela

Me  Labori. — Je ne tiens pas à ce que vous le regardiez, mais je désire que MM. les jurés le regardent et M. Paul Meyer aussi.

M. P. Meyer. — J’ai connu ces différents fac-similés ; je me suis servi plutôt de celui de là brochure de M. Bernard Lazare que j’avais sous la main, quoi qu’il soit plus grossier que l’autre ; mais il suffisait à mon objet.

L’opinion que j’ai sur ces fac-similés, je vais vous la dire parce qu'on a contesté la valeur de ces fac-similés : un témoin a même dit qu’ils ressemblaient beaucoup à des faux et que rien ne ressemblait moins aux originaux que ces fac-similés il est clair que, s’ils ressemblent à des faux, ils ne ressemblent pas aux originaux ; mais je crois que ce témoin, peu habitué à formuler sa pensée avec précision, a été plus loin qu’il ne voulait Je vais tacher de disséquer un peu cette déclaration pour voir ce qu’il y a dedans.

Ces fac-similés sont faits par le procédé qu’on appelle dans l'industrie le procède du gillotage, inventé par Gillot ; c’est de la zincographie en relief...

Me  Labori, au Président. — M. l’audiencier demande la permission de faire passer à MM. les jurés...

M. le Président. — Faites passer.

M. P. Meyer. — Parmi tous les procédés à base photographique, ce procédé est celui qui laisse le plus à désirer. A l’Ecole des Chartes, nous nous servons de l’héliogravure qui donne plus de finesse ; seulement, l’héliogravure comporte un tirage à la main qui est fort coûteux. Il y a un autre procédé qui est un report sur gélatine et qui vaut encore mieux que celui qu’on a employé ici Mais le gillotage, s’il a certains inconvénients, a l'avantage du bon marché.