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comprend ce que c’est qu’un trait finissant à zéro — dans le châssis cela plonge, et, au lieu d’un trait filiforme, vous avez au contraire un trait très gros. Or, si ces messieurs de la défense pensent qu’un trait filiforme et un trait massue, ce soit la même chose, alors nous sommes d’accord. Dans tous les cas, il est impossible d’imprimer typographiquement à la presse, dans un journal, quelque chose qui ne présente pas cette particularité. Or, c’est principalement dans le commencement et la fin des mots que gît l’expertise en écritures... Je crois que c’est en avril qu’a été publié le fac-similé du Matin; je ne parle pas de celui-là qui était à peu près bien; mais ce sont tous ceux qui ont paru depuis, ce que je me permettrai d’appeler la nouvelle campagne... c’est alors qu’on a fait des reproductions qui sont aussi mauvaises et aussi peu ressemblantes que possible. Il n’y a qu’à prendre le premier journal qui l’ait reproduit pour s’en convaincre. Vous imprimez avec des clichés, et ces clichés se cintrent, ce qui altère les traits. Tous les dessinateurs qui sont là peuvent vous dire que leurs dessins sont abîmés.

M. Trarieux. — Je voudrais, Messieurs, sur un point, donner encore mes appréciations.

Il est évident que plus le cliché se reproduira et plus les empâtements pourront se reproduire dans l’écriture; mais j’affirme cependant que, dans les spécimens relativement difformes, — pourrait dire M. Teyssonnières, — qui ont passé sous mes yeux, — j’en ai vu un très grand nombre, — il est inexact de dire qu’on peut voir des faux. On y a trouvé, au contraire, la plus grande similitude. Voulez-vous que je fasse une comparaison : la différence qui pourrait exister, c’est la différence qui existe dans l’écriture d’un homme qui écrirait une première fois avec une plume fine et qui écrirait une seconde fois avec une plume qui donnerait des traits plus empâtés. Et les différences d’encre pourraient même quelquefois suffire à produire ces différences de reproduction, mais c’est toujours la même écriture dans sa physionomie générale.

M. Teyssonnières. — J’ajoute ceci, que j’ai déjà expliqué, parce qu’il faut que cette question soit finie : M. Crépieux-Jamin lui-même constate : « Ce qui me casse bras et jambes, c’est la défectuosité du clichage. On n’est sûr de rien, et je serai obligé tout le temps de faire des réserves »... J’ai la lettre-là.

Me  Labori. — Mais, qu’est-ce que nous fait M. Crépieux-Jamin ?

M. le Président, à l’huissier audiencier. — Faites appeller un autre témoin.

Me  Labori. — Monsieur le Président, j’ai encore une autre question à poser à M. Trarieux : M. Trarieux n’a-t-il pas eu beaucoup de rapports avec M. Scheurer-Kestner depuis plusieurs mois ; l'a-t-il vu souvent et cause-t-il avec lui de l’affaire Esterhazy?

M. Trarieux. — Constamment.

Me  Labori. — Considère-t-il comme vraisemblable et comme