je me rendis chez lui pour lui rendre visite. Il me fit répondre par son domestique : « C’est bien, je sais ce que c’est. » Plein de confiance dans ces paroles, je partis pour Binic, et le lendemain je reçus ma convocation pour venir prêter mon serment à la cour.
Me Clemenceau. — Le témoin n’avait-il pas dit que c’était sur la demande de M. Trarieux que M. le premier Président avait consenti à l’inscrire?
M. Teyssonnières. — Je l’ai dit. J’ai conservé à M. Trarieux la plus grande reconnaissance, parce que c’est un homme qui recherche la justice et qui la veut. Je lui rends cet hommage public; ma reconnaissance, quoi qu’il arrive, sera aussi longue que mes jours.
Me Clémenceau. — Le témoin a dit, mais je tiens à ce qu’il le répète, que, depuis qu’il est inscrit comme expert à la Cour de Paris, il n'a jamais été commis dans aucune affaire?
M. Teyssonnières. — Dans aucune.
Me Labori. — Je crois, monsieur le Président, qu’il serait utile que vous voulussiez bien appeler M. Trarieux?
M. le Président. — Il me semble que ce n’est guère nécessaire. Cela n’a pas d’importance.
Me Labori. — C’est M. Trarieux lui-même qui m’a dit qu’il désirait être confronté avec le témoin.
M. le Président. — Enfin, si vous y tenez, nous allons taire revenir M. Trarieux.
Me Clémenceau. — Je voudrais encore poser une question au témoin : Ne s’est-il pas produit un incident particulier, à propos d'un dossier qui aurait été trouvé chez le témoin alors qu'il ne s’y attendait pas ?
M. le Président, au témoin. — Est-ce exact ?
M. Teyssonnières. — C’est vrai.
Me Clémenceau. — Le témoin veut-il nous conter l’histoire dont il s'agit.
M. Teyssonnières. — Je vais vous la dire. Néanmoins, il est dur pour nous d'être obligés de dire ces choses-là, car nous ne sommes véritablement plus des témoins, mais des accusés. Enfin! je répondrai a toutes vos questions.
(M. Trarieux s’avance à la barre.)
M. le Président, à Me Labori. — Voici M. Trarieux. Quelles sont les questions que vous avez à lui poser?