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tions de l’esprit. Donc, étant donné que l’on écrit sur un papier pelure, sur lequel on n’a pas l’habitude d’écrire, qu’on est obligé de le tenir avec ses doigts, qu’on est obligé de prendre des précautions, cela peut arrêter la plume, cela peut amener des saccades, des hachures, des lettres qui semblent rapportées.

Me Labori. — Ce qu’il peut y avoir dans l’écriture qui donne l’impression d’une dissimulation, d’un déguisement ou d’une incertitude, proviendrait-il, d’après le témoin, et du papier et des circonstances dans lesquelles la missive a été écrite. Est-ce cela que le témoin veut dire?

M. Teyssonnières. — Oui.

Me Labori. — Par conséquent, comme conclusion, c’est l’écriture naturelle de l’auteur de la missive, modifiée par les circonstances?

M. Teyssonnières. — Nous sommes d’accord.

Me Labori. — Est-ce que le témoin n’a pas, à plusieurs reprises, montré son dossier à diverses personnes?

M. Teyssonnières. — J’ai déjà dit que je l’avais montré à M. Trarieux et à M. Scheurer-Kestner.

Me Labori. — Le témoin n’a-t-il pas montré également son dossier à M. Crépieux-Jamin, au docteur Bois et à MMe Crépieux-Jamin?

M. Teyssonnières. — J’ai montré à M. Grépieux-Jamin, le 19 juillet, une partie de mes observations, de mes calques, parce qu’avant de les transcrire, je suis obligé de le faire pour m’exercer la main. Je lui ai montré ce qui faisait ma démonstration, convaincu que j’avais affaire à un homme dont les déclarations étaient formelles. Je les lui ai donc montrées.

Me Labori. — Est-ce que M. Teyssonnières a restitué son dossier au ministère?

M. Teyssonnières. — Non.

Me Labori. — L’a-t-il encore?

M. Teyssonnières. — Oui.

Me Labori. — Bien. Est-ce que M. Teyssonnières n'a pas été prié de ne plus revenir au ministère après la publication faite, par le Matin, du bordereau, le 10 novembre 1896?

M. Teyssonnières. — Je n’ai jamais été au ministère qu’une seule fois... Je regrette encore d’être obligé de parler de ce petit incident. C’est trois jours après la condamnation de Dreyfus, qu’ayant eu l’occasion, dans l’affaire fameuse des faux-poinçons, de passer onze jours à l’audience, avec M. Romanet, qui était le secrétaire de la Présidence, je fus le trouver et je lui racontai les mesures graves qui avaient été prises à mon égard, celle de ma radiation du tableau des experts, et je lui demandai s’il n’y aurait pas possibilité de m accorder une compensation quelconque. Il me renvoya au ministère de la guerre. Je fis passer ma carte à M. le Ministre de la guerre qui me fit répondre par l’huissier de m’adresser au général Rau. Je fus reçu par le général Rau et dès que j’eus dit : « Je suis M. Tevs-